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L’agrivoltaïsme face aux vagues de chaleur : comment les ombrières solaires protègent cultures et rendements

L’agrivoltaïsme face aux vagues de chaleur : comment les ombrières solaires protègent cultures et rendements

L’agrivoltaïsme face aux vagues de chaleur : comment les ombrières solaires protègent cultures et rendements

L’agrivoltaïsme, un allié contre la surchauffe climatique

Depuis plusieurs étés, les agriculteurs voient leurs champs griller sous un soleil de plomb. Dans un contexte de changement climatique, les vagues de chaleur deviennent plus longues, plus fréquentes et plus intenses. En 2022, la France a connu trois épisodes caniculaires majeurs avec des températures dépassant les 40°C, mettant à genoux certaines cultures comme le maïs ou les légumes de plein champ (Météo France).

Face à cette situation préoccupante, une solution émergente suscite de plus en plus l’intérêt : l’agrivoltaïsme. Cette approche innovante consiste à installer des panneaux photovoltaïques au-dessus des cultures. Mais attention, pas n’importe quels panneaux ! Ce sont des « ombrières intelligentes », conçues pour offrir un ombrage partiel capable de protéger les plantes tout en produisant de l’électricité. Et ce double rôle pourrait bien être une réponse stratégique pour une agriculture plus résiliente aux extrêmes climatiques.

Des ombrières solaires qui atténuent l’impact thermique

Le principe de l’agrivoltaïsme repose sur une utilisation multifonctionnelle des terres agricoles. Contrairement aux installations photovoltaïques classiques au sol, l’agrivoltaïsme respecte la vocation première des terres : produire de la nourriture. Les ombrières permettent de réduire la température au niveau du sol de 2 à 4°C, selon des études menées par l’INRAE et l’Ademe.

Ces structures limitent l’évaporation de l’eau et réduisent le stress hydrique des plantes – un facteur critique en période de canicule. À titre d’exemple, sur une expérimentation menée en Occitanie par la société Sun’Agri, la production de tomates a connu une amélioration de 20% sous les panneaux grâce à une meilleure régulation thermique et une baisse des besoins en irrigation.

Le sur-mesure technologique au service des cultures

La différence majeure avec les installations photovoltaïques traditionnelles réside dans l’usage de technologies dynamiques. Les panneaux sont mobiles : ils s’orientent automatiquement en fonction de la position du soleil, de la météo du jour ou du stade de croissance des plantes. Grâce à des capteurs et à des algorithmes, ils permettent d’adapter en temps réel l’intensité lumineuse et l’ombrage.

Cet ajustement fin est essentiel pour maintenir un niveau de photosynthèse optimal, tout en atténuant les pics thermiques. Les ombrières ne font donc pas de l’ombre “au hasard” : elles accompagnent la plante dans son cycle et visent à prévenir les chocs thermiques qui nuisent aux rendements.

Des bénéfices agronomiques démontrés

Plusieurs espèces végétales réagissent positivement à l’agrivoltaïsme, à condition que le système soit bien calibré. C’est notamment le cas :

Les performances dépendent bien sûr des paramètres locaux (latitude, type de sol, climat, espèces cultivées), mais la tendance générale est claire : en période de fortes chaleurs, l’agrivoltaïsme protège les cultures là où les pratiques agricoles conventionnelles peinent à limiter les dégâts.

Un outil stratégique pour la résilience alimentaire

Alors que la sécurité alimentaire mondiale est fragilisée par le réchauffement climatique, l’agrivoltaïsme offre une piste concrète pour adapter l’agriculture sans rogner sur sa productivité. Selon l’ADEME, l’adoption élargie de cette technologie pourrait permettre de développer près de 10 GW d’électricité d’origine solaire tout en préservant l’utilisation agricole de 0,1% des terres françaises.

Et ce n’est pas juste un gadget technologique ! Cette approche coche plusieurs cases des engagements climatiques et énergétiques de la France :

Un encadrement légal en pleine structuration

Face à l’essor du secteur, l’État a décidé d’encadrer les projets d’agrivoltaïsme via la loi d’accélération de la production d’énergies renouvelables (APER), adoptée en mars 2023. Cette loi définit l’agrivoltaïsme comme une installation photovoltaïque implantée sur des terres agricoles, à condition qu’elle remplisse un objectif de “maintien ou d’amélioration durable du potentiel agronomique des terres”.

Le texte impose également un suivi annuel des performances agricoles et énergétiques, afin de vérifier que les objectifs sont atteints. Les préfets disposent d’un droit de contrôle pour éviter les cas de “fausse agriculture” avec panneaux solaires décoratifs. Le décret d’application publié en avril 2024 précise en outre l’obligation d’une étude d’impact agronomique et la concertation avec les acteurs locaux (exploitants agricoles, chambres d’agriculture, collectivités).

Un futur solaire… et agricole

L’agrivoltaïsme n’est pas une baguette magique, ni une solution unique. Il demande des investissements, une ingénierie pointue, une intégration paysagère et un véritable partenariat entre monde agricole et secteur énergétique. Mais il représente une voie prometteuse pour climatiser les champs sans électricité et sécuriser les rendements à l’heure où la pression climatique ne fait que croître.

Sa capacité à concilier production alimentaire et transition énergétique en fait un outil-clef pour la résilience des territoires ruraux. De plus en plus de collectivités, notamment en Occitanie, en PACA, dans le Grand Est ou en Auvergne-Rhône-Alpes, participent à des projets pilotes coopératifs. Autant dire que le champ des possibles est ouvert… et lumineux.

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