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L’agrivoltaïsme et l’irrigation intelligente : comment les panneaux solaires peuvent optimiser la gestion de l’eau en agriculture

L’agrivoltaïsme et l’irrigation intelligente : comment les panneaux solaires peuvent optimiser la gestion de l’eau en agriculture

L’agrivoltaïsme et l’irrigation intelligente : comment les panneaux solaires peuvent optimiser la gestion de l’eau en agriculture

Dans un contexte de sécheresses à répétition, de restriction d’eau et de flambée des coûts de l’énergie, l’agrivoltaïsme et l’irrigation intelligente apparaissent comme un duo prometteur pour l’agriculture. Loin de se limiter à produire de l’électricité, les panneaux solaires peuvent devenir de véritables « outils de gestion de l’eau » pour les agriculteurs.

Comment les ombrières photovoltaïques influencent-elles l’évapotranspiration ? Quels liens concrets entre capteurs, algorithmes d’irrigation et production solaire ? Et surtout, que dit la loi française sur ces nouveaux systèmes ? Décryptage.

Agrivoltaïsme : quand l’ombre devient un atout hydrique

L’agrivoltaïsme consiste à installer des panneaux solaires au-dessus ou à proximité des cultures ou des pâturages, en veillant à maintenir une production agricole significative. En France, la loi n° 2023-175 du 10 mars 2023 relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables, complétée par le décret n° 2024-318 du 8 avril 2024, encadre désormais clairement cette pratique : un projet agrivoltaïque doit améliorer ou au minimum préserver la production agricole, notamment en apportant un service agronomique comme la protection contre les aléas climatiques ou l’optimisation de l’eau.

Sur le terrain, plusieurs effets bénéfiques sont déjà observés :

Loin d’être un simple gadget, l’ombrière solaire devient donc un outil de pilotage indirect de l’eau, en agissant sur le climat local de la parcelle.

Quand le solaire alimente l’irrigation intelligente

L’autre atout de l’agrivoltaïsme, c’est l’énergie. Les panneaux produisent de l’électricité sur place, exactement là où se situent les besoins en pompage et en pilotage de l’irrigation. Un mariage idéal à l’heure où le coût de l’énergie pèse de plus en plus sur les exploitations.

L’irrigation intelligente s’appuie sur plusieurs briques technologiques :

Grâce à l’énergie produite sur place, les systèmes peuvent fonctionner même en zone isolée, avec :

Selon la FAO, l’irrigation de précision permet déjà une économie d’eau de 20 à 40 % par rapport à une irrigation traditionnelle programmée à la « date fixe » (FAO, Save and Grow in practice, 2017). En combinant cette approche avec l’agrivoltaïsme, le potentiel d’optimisation est démultiplié : l’ombre réduit les besoins, et l’intelligence de l’arrosage évite le gaspillage.

Un pilotage intégré : panneaux, capteurs et algorithmes

Le vrai changement de paradigme vient de l’intégration complète entre la production solaire et la gestion de l’eau. Dans les systèmes les plus avancés, les panneaux eux-mêmes deviennent des acteurs du pilotage hydrique.

Voici comment cela peut fonctionner :

Ce type d’architecture s’inscrit pleinement dans la logique de gestion intégrée des ressources en eau promue par les institutions internationales et par les politiques européennes. Les rapports du GIEC soulignent d’ailleurs que l’adaptation de l’agriculture au changement climatique passera par des systèmes combinant efficacité hydrique, production d’énergie renouvelable et innovation numérique (GIEC, 6e rapport d’évaluation, 2022).

Ce que dit la loi française sur l’agrivoltaïsme et la gestion de l’eau

Depuis 2023, le cadre juridique français s’est considérablement précisé. La loi n° 2023-175 du 10 mars 2023 et ses textes d’application définissent l’agrivoltaïsme comme la production d’électricité photovoltaïque apportant à une production agricole un ou plusieurs services, parmi lesquels :

L’optimisation de la gestion de l’eau s’inscrit clairement dans cet objectif d’adaptation. Les projets agrivoltaïques doivent démontrer, via des études agronomiques, qu’ils ne compromettent pas la vocation nourricière des terres et qu’ils apportent un bénéfice mesurable pour les cultures. Le décret n° 2024-318 du 8 avril 2024 précise les critères d’éligibilité, notamment :

Par ailleurs, la loi Climat et Résilience (n° 2021-1104 du 22 août 2021) et les directives-cadres européennes sur l’eau (Directive 2000/60/CE) incitent à une gestion plus sobre et plus efficace de la ressource. Dans ce contexte, les systèmes d’irrigation intelligents, associant capteurs, données et adaptation en temps réel, sont encouragés dans de nombreux dispositifs d’aide (PAC, plans régionaux, appels à projets de l’ADEME, etc.).

Des bénéfices multiples pour les agriculteurs… et pour les territoires

Lorsqu’ils sont bien conçus, les projets combinant agrivoltaïsme et irrigation intelligente peuvent offrir une série d’avantages concrets :

Pour les territoires ruraux, ces systèmes peuvent également contribuer :

Les points de vigilance : acceptabilité, biodiversité, gouvernance de l’eau

Tout n’est pas rose pour autant, et plusieurs questions se posent :

Comment passer à l’action sur son exploitation

Pour un agriculteur ou un territoire qui souhaite se lancer, quelques étapes clés permettent de structurer le projet :

La combinaison agrivoltaïsme + irrigation intelligente n’est ni une baguette magique, ni une simple mode. C’est un levier stratégique pour affronter un climat plus chaud, plus sec, plus incertain, tout en produisant plus d’énergie renouvelable et en gardant l’eau au cœur du système agricole. Le défi maintenant : concevoir des projets exigeants, transparents et mesurables, capables de prouver qu’ils tiennent leurs promesses pour l’eau, le climat… et les agriculteurs.

Sources : loi n° 2023-175 du 10 mars 2023 relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables ; décret n° 2024-318 du 8 avril 2024 relatif à l’agrivoltaïsme ; Code de l’énergie, art. L. 314-36 ; loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 dite « Climat et Résilience » ; Directive 2000/60/CE établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l’eau ; ADEME, « L’agrivoltaïsme en France », 2021 ; FAO, Save and Grow in practice, 2017 ; GIEC, 6e rapport d’évaluation, 2022 ; études INRAE/Sun’Agri sur l’agrivoltaïsme viticole et maraîcher.

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